Première Guerre Mondiale

Auguste Deprez – Sergent au 10e de ligne | August Deprez – Sergeant van de 10de linieregiment

En 2013, André Deprez fait don à la Commune d’Ixelles d’environ 160 pièces de correspondance échangées par son père et sa mère au cours de la Première Guerre mondiale. Il s’agit d’une source inédite et précieuse dont André Deprez a voulu garantir la conservation, l’accessibilité et la valorisation pour les générations futures, en les confiant au service des archives d’Ixelles.

In 2013 schonk André Deprez de gemeente Elsene ongeveer 160 brieven die zijn vader en moeder aan elkaar schreven tijdens de Eerste Wereldoorlog. Het gaat om een onuitgegeven en kostbare bron waarvan André Deprez de bewaring, de toegang en de waardering voor de toekomstige generaties wilde verzekeren door ze toe te vertrouwen aan de dienst Archieven van Elsene.

Son père, Auguste Deprez, naît à Ixelles le 24 août 1886 d’un père menuisier et d’une mère sage-femme. Il effectue son service militaire de 1906 à 1908, au 10e régiment de ligne, et termine avec le grade de caporal. Le 17 juillet 1909, il se marie avec Sidonie Wine, qu’il surnomme Nini(e). Celle-ci donne naissance à leur premier fils, Jean-Pierre, le 17 juillet 1913. Il héritera pour sa part du surnom Titi.

Zijn vader, Auguste Deprez, werd in Elsene geboren op 24 augustus 1886. Diens vader was timmerman en zijn moeder vroedvrouw. Van 1906 tot 1908 voerde Auguste zijn legerdienst uit in het 10de linieregiment om te eindigen met de graad van korporaal. Hij trouwt met Sidonie Wine op 17 juli 1909. Op 17 juli 1913 wordt hun eerste zoon Jean-Pierre geboren.

Le 31 juillet 1914, alors que la guerre se profile, Auguste est rappelé sous les drapeaux et rejoint le 10e régiment de ligne à Namur. C’est alors que débutent ses échanges épistolaires avec son épouse. Relativement aisés dans un premier temps, ces échanges deviendront plus compliqués lorsque la Belgique sera totalement occupée par les Allemands. Différents canaux de communication seront utilisés dès lors que les relations postales seront coupées entre la France et la Belgique occupée. Une partie de la correspondance se fera via l’œuvre du Mot du soldat, organisation clandestine qui permettait de maintenir le contact entre les soldats belges au front et leurs familles restées à l’arrière. Le plus grand nombre de lettres transitera cependant par des amis de la famille Deprez exilés aux Pays-Bas. Ceux ci relayaient les informations, voire parfois les lettres elles-mêmes, entre la France et la Belgique. Ce canal permit notamment la transmission de l’un ou l’autre cliché, dont un représentant Sidonie et Jean-Pierre, ou un autre montrant Auguste dans les tranchées portant deux chiots : ses « chasseurs de rat ».

Op 31 juli 1914, terwijl de oorlog zich aftekent, wordt Auguste opgeroepen voor de dienst en vervoegt hij opnieuw het 10de linieregiment, in Namen. Vanaf dan start de briefwisseling met zijn echtgenote. In het begin gaat het vlot, maar de uitwisseling wordt steeds moeilijker naarmate België volledig wordt ingenomen door de Duitsers. Er worden verschillende communicatiekanalen gebruikt van zodra de postverbindingen tussen Frankrijk en het bezette België verbroken zijn. Een deel van de correspondentie gaat via een clandestiene organisatie Mot du soldat, die ervoor zorgde dat het contact tussen de Belgische soldaten aan het front en hun gezinnen thuis mogelijk bleef. Het grootste aantal brieven ging via vrienden van de familie Deprez die uitgeweken waren naar Nederland. Zij gaven de informatie en soms ook de brieven zelf door tussen Frankrijk en België. Langs dat kanaal konden ook af en toe foto’s verstuurd worden, waaronder één van Sidonie en Jean-Pierre, en een andere waarop Auguste in de loopgraven afgebeeld staat met twee pups in de armen: zijn “rattenvangers”.

Là où l’écriture de Sidonie est fine et soignée, celle d’Auguste est souvent grossière ; il n’est en effet pas évident d’écrire sur du papier de moindre qualité, papier qui est rationné d’ailleurs, tout cela en pleine campagne militaire. Auguste s’excusera d’ailleurs dès 1914 pour cela, justifiant qu’il doit utiliser sa gamelle comme support d’écriture.

Het handschrift van Sidonie is fijn en verzorgd, maar dat van August is vaak grover. Het is namelijk niet vanzelfsprekend te schrijven op minder kwalitatief papier, dat elders gerantsoeneerd werd, te midden van het strijdveld. Auguste biedt hiervoor vanaf 1914 al zijn verontschuldigingen aan, hij heeft enkel zijn gamel die dienst kan doen als schrijftafel.

Blessé en avril 1918 à Langemark, il n’en dira rien à son épouse dans ses lettres, probablement pour ne pas l’alarmer. En règle générale, les horreurs de la guerre ne sont jamais évoquées par Auguste Deprez. Ces écrits sont surtout l’occasion pour chacun des deux époux de rassurer l’autre sur son état de santé général, même si Auguste se plaint parfois de maux de reins et Sidonie d’épisodes grippaux ou autres maladies. Elle sera d’ailleurs touchée par la grippe espagnole en octobre-novembre 1918.

In 1918 raakt hij gewond in Langemark, maar hierover zwijgt hij in de brieven aan zijn echtgenote, vermoedelijk om haar niet te verontrusten. Auguste Deprez haalt over het algemeen de oorlogsgruwel niet aan in zijn brieven. Het schrijven is voornamelijk een gelegenheid om de ander gerust te stellen en te vertellen over de algemene gezondheid, al klaagt Auguste soms over nierpijn en Sidonie over periodes van griep en andere ziektes. In de maanden oktober en november 1918 lijdt ze aan de Spaanse griep.

En novembre 1918, l’Armistice ne sera pas synonyme de retour chez soi pour la plupart des soldats. Auguste Deprez est pour sa part envoyé au Grand-Duché de Luxembourg afin d’y assurer une présence militaire alliée et de participer à la neutralisation de munitions. Son régiment restera finalement cantonné à côté d’Arlon. Même s’il bénéficie d’une permission de vingt jours en janvier 1919, il ne sera finalement libéré de ses obligations militaires que le 2 avril de la même année.

De Wapenstilstand in november 1918 betekende voor de meeste soldaten nog geen terugkeer naar huis. Auguste Deprez wordt naar het Groothertogdom Luxemburg gestuurd om er de militaire aanwezigheid van de geallieerden te verzekeren en er de orde te handhaven. Zijn regiment blijft uiteindelijk gelegerd in de buurt van Aarlen. Hoewel hij een verlof krijgt van 20 dagen in januari 1919, zal hij pas ontslagen worden van zijn militaire verplichtingen op 2 april van datzelfde jaar.

 

[Photographies d’Auguste Deprez et de sa famille, 1913-1917, Fonds Auguste Deprez (n° 7), Archives communales d’Ixelles | Foto’s van Auguste Deprez, 1913-1917, Archief van Auguste Deprez (nr 7), Gemeentearchieven van Elsene]

 

[Lettre d’Auguste Deprez à sa femme, 5 août 1914, Fonds Auguste Deprez (n° 1), Archives communales d’Ixelles | Brief van Auguste Deprez aan zijn vrouw, 5 augustus 1914, Archief van Auguste Deprez (nr 1), Gemeentearchieven van Elsene]

 

Carte postale envoyée par Auguste à Sidonie le 5 août 1914

Chère petite femme,
Nous sommes encore une fois changés depuis que nous sommes entrés. Je n’ai pas encore eu une nuit. Toujours de garde. Nous avons été à Moustier puis à Ham sur Sambre, puis à Jemeppe, et maintenant à Vezin et je ne sais pas pour combien de temps. Je suis en très bon état. J’espère que tout va à peu près bien à la maison. Est-ce que l’on ne voit rien à Bruxelles? Ici, il y a bien vingt mille hommes. Hier, nous avons arrêté un espion à Jemeppe ; et on avait oublié de nous envoyer à manger toute la journée. Je crois que cela ne durera pas longtemps. Tout le monde est enragé contre les Allemands. On voudrait déjà les voir. Je n’ai plus rien à te dire pour le moment. Bien des amitiés à tous. J’espère que Titi est toujours sage. Je ne fais que penser à lui. Embrasse-le pour moi.
Je tembrasse de loin.
Ton époux qui t’aime et pense à toi.
Si quelquefois tu m’écrirais, voici l’adresse:
Caporal au 10ème 2/4 4ème division d’armée

 

[Lettre d’Auguste Deprez à sa femme, 12 août 1914, Fonds Auguste Deprez (n° 1), Archives communales d’Ixelles | Brief van Auguste Deprez aan zijn vrouw, 12 augustus 1914, Archief van Auguste Deprez (nr 1), Gemeentearchieven van Elsene]

 

Lettre d’Auguste à Sidonie du 12 août 1914

Chère petite femme,
Je suis très étonné de ne pas recevoir de tes nouvelles. Le temps me semble long. J’ai eu la visite de René ce matin, mais je n’ai pas beaucoup su lui causer. Nous n’avions que dix minutes pour repartir, car on change souvent de direction. Ce soir, nous partons à 11 heures aux avant-postes, pour 48 heures. Je n’aurai pas l’occasion de t’écrire.
Je suis en excellent état. Un peu mal au rein, mais rien de grave. Je crois que c’est plutôt l’effet de mon matelas. On devrait le donner à battre pour le rendre plus souple, mais cette nuit et la nuit prochaine, nous allons en campagne. Plus de lit. Nous allons à Warté, toujours dans la province de Namur. Toute la compagnie est toujours un peu là. On fait des tranchées pour attendre les Alboches, alors gare les marrons. On voit un peu du pays. René est venu avec le gamin. Je lui avais fait savoir par un paysan qui habitait le village [que] nous sommes toujours bien nourris. J’espère que tu es toujours bien portante et notre Titi est-il sage? Renseigne-moi un peu de ce qui se passe à Bruxelles. Quand tu m’écris, tu ne dois pas mettre de timbre. Tu n’as qu’à faire comme moi: en-tête S. M. (service militaire).
Je recevrai les correspondances partout ; j’ai reçu une lettre d’Henriette qui m’a bien fait plaisir. Je ne vois plus rien à te dire pour le moment. Bien des amitiés à tous.
Je vous embrasse tous [illisible] de loin.
Ton époux qui t’aime et qui pense toujours à toi.
Je t’écris sur le dessus de ma gamelle.

 

[Lettre de Sidonie Deprez à son mari, 19 février 1915, Fonds Auguste Deprez (n° 2), Archives communales d’Ixelles | Brief van Sidonie Deprez aan haar echtgenoot, 19 februari 1915, Archief van Auguste Deprez (nr 2), Gemeentearchieven van Elsene]

 

Lettre de Sidonie à Auguste datée du 19 février 1915
(envoyée à la sœur de Sidonie, en Angleterre, qui l’a transmise ensuite à Auguste)

J’habite chez maman, 28 rue du Brochet
Cher petit papa,
Jean-Pierre est occupé à manger sa sousoupe avec sa nainaine. Ce sont de grands amis. Je dois te gronder. Je ne suis pas contente que tu te prives de quelque chose pour faire des économies. Je n’ai rien besoin. Je travaille et j’ai assez pour bien vivre, sois sans crainte. Achète-toi quelque chose pour remplacer le pain que tu dis qui n’est pas bon, puisque tu as de l’argent, et couvre-toi. Je suis sûre que c’est de froid que tu as mal aux reins. Et fais-toi frictionner avec de l’alcool camphré. Tu sais bien que c’est bon. J’espère que tu feras ce que je te dis pour que je sois plus tranquille sur ton sort, et sois toujours bien courageux. C’est le principal pour que nous puissions vite te revoir, mais c’est bien long. Reçois, mon Grand Chéri, ainsi que de ton Titi qui est bien sage, nos meilleurs baisers ainsi que de toute la famille.
Ta femme et ton fils pour la vie.

 

[Lettre d’Auguste Deprez à sa femme, 28 mars 1919, Fonds Auguste Deprez (n° 6), Archives communales d’Ixelles | Brief van Sidonie Deprez aan zijn vrouw, 28 maart 1919, Archief van Auguste Deprez (nr 6), Gemeentearchieven van Elsene]

 

Lettre d’Auguste à Sidonie datée du 28 mars 1919

Très chère Nini et cher Titi,
Cela diminue. Il est bien temps. Je comprends ton impatience. Moi aussi, j’aspire à revenir le plus tôt possible. Tu t’inquiètes à tort des accidents avec les munitions. Cela est très dangereux si on n’y faisait pas attention, mais mes hommes sont vigilants et moi je suis logé à deux kilomètres du dépôt et je n’y vais qu’une fois par jour. Cela est bien assez. Tu réclames que tu ne reçois pas tous les jours de lettre. Il y a des jours où je n’ai pas l’occasion d’envoyer le courrier. Le dimanche, il ne part pas. Alors, tu vois, cela m’embêterait de ne rien avoir quand je reviendrai. Le temps continue à être très mauvais. Heureusement que tu n’étais pas venue. Les gens où je suis auraient bien voulu que tu viennes, mais par ce temps-là, ils disent que cela aurait été malheureux. La femme du cuisinier est venue depuis quatre jours. Je leur ai cédé ma chambre, elle n’a pas encore su mettre les pieds dehors. Tu vois l’agrément, en été ce doit être beau ce pays, étant beaucoup accidenté et beaucoup de bois.
Je vais commencer à m’apprêter car je crois que Lundi, je partirai pour Arlon. Il est 1h ½ après-midi et j’attends le facteur avant de fermer ma lettre. On va le porter à Marbehan. Les personnes où je suis sont toujours très gentils. Il est vrai que dans tout le village, je suis bien vu de tout le monde.
Je t’embrasse de tout cœur,
Auguste
Le facteur n’est pas encore arrivé.

 

© Archives de la commune d’Ixelles | Gemeentearchief van Elsene

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