Au sortir de la Première Guerre Mondiale, les enfants ayant souffert de privations étaient nombreux à Schaerbeek. Devant cette situation, les autorités communales s’émurent et décidèrent, à l’initiative de l’échevin Alexandre De Craene, d’ouvrir en bord de mer une quinzième école destinée à accueillir les enfants malades de toutes les écoles communales, le temps de se refaire une santé. Pour cela, la commune acheta un grand immeuble, L’Hôtel du Lion Noir, dans le village d’Uytkerke, situé à une vingtaine de minutes à pied de la plage de Blankenberghe (aujourd’hui Kerkstraat). L’école n°15 accueillit donc ses premiers petits pensionnaires pour la rentrée du 15 octobre 1919.
[Lettre du propriétaire de l’Hôtel Le Lion noir à Blankenberge pour la vente du bâtiment, 24 mars 1919, Archives communales de Schaerbeek]
[Plan du terrain de la future école n°15, Archives communales de Schaerbeek]
[Affiche pour l’acquisition du bâtiment de la future école n°15, Archives communales de Schaerbeek]
[La façade principale, carte postale, Archives communales de Schaerbeek]
[La directrice fondatrice Mme Ensch, et la directrice de l’école en 1932, Archives communales de Schaerbeek]
En 1921, l’association « Les Amis de l’école d’Uitkerke » est créée. Ses membres ont pour but de favoriser, notamment par la collecte de don, le séjour au grand air de ces enfants. Cela passe par la constitution de trousseaux, par la prise en charge des visites mensuelles des parents (frais de transport offerts), ou encore par l’organisation de fêtes, comme la Saint-Nicolas, et d’excursions. Des fonds sont notamment récoltés lors du carnaval de Schaerbeek.
[Drapeau de l’Association des Amis d’Uitkerke, carte postale, Archives communales de Schaerbeek]
[Fêtes de la Saint-Nicolas (1935,1937,1949), Archives communales de Schaerbeek]
[Char de l’école, cortège carnavalesque de Schaerbeek, 1956, Archives communales de Schaerbeek]
[Chant des enfants d’Uytkerke, Archives communales de Schaerbeek]
Au menu des activités de l’école: les cours normaux, mais aussi des exercices de gymnastique, des soins hygiéniques (bains, lavage de pieds, lavage de mains, etc), ainsi que des jeux et promenades au bord de la mer. L’école dispose d’ailleurs d’une grande cabine de plage où elle peut remiser tout son matériel.
[La cabine de plage, cartes postales, Archives communales de Schaerbeek]
[La cabine de plage après la tempête, 1er février 1953, Archives communales de Schaerbeek]
[La cabine de plage, peinture de Jean Jacobs, Collection communale artistique de Schaerbeek]
Dans l’enceinte de l’école, un verger et un potager permettent aux élèves de découvrir les joies du jardinage. L’école compte aussi une ferme où s’épanouissent les animaux de basse-cour.
Un médecin, chargé de désigner les enfants pouvant bénéficier de ce séjour, est également décisionnaire de leurs retours à Schaerbeek une fois accomplis les bienfaits de l’air marin. Les enfants tuberculeux, asthmatiques, souffrant d’anémie ou encore de rachitisme sont ainsi admis au sein de l’école.
[Le choix des élèves, années 30, Archives communales de Schaerbeek]
Tout est mis en œuvre pour améliorer la santé des enfants qui généralement recevaient peu de nourriture chez eux. Un régime adapté, varié et riche en nutriments est alors proposé aux repas. Voici les menus distribués :
- Déjeuner : café au lait sucré, tartines, lard, harengs fumés, sardines ou quaker-oats sucré.
- Dîner : potage varié, viande généralement rôtie, légumes de la saison, et le vendredi : poisson frais ou œufs.
- Goûter : tartines, lait ou café au lait.
On pouvait également retrouver de la semoule, du riz, de la compote de pommes, du pain d’épice, des spéculoos, etc. Pour les plus faibles, un bol de lait ou un œuf pouvait être donné en dehors des repas en complément.
[Le réfectoire, années 30, photo, Archives communales de Schaerbeek]
[Dessin pour la frise du réfectoire, Archives communales de Schaerbeek]
L’école n°15, baptisée aussi école Alexandre De Craene, du nom de son initiateur, ferme ses portes en juin 1966 par décision des autorités communales. La raison officielle est la vétusté des bâtiments et le petit nombre d’élèves schaerbeekois devant encore à cette époque bénéficier d’une telle cure d’air. Officieusement, suite à l’établissement de la frontière linguistique en 1963, gérer un établissement d’enseignement francophone sur le territoire flamand serait devenu une complication à plus ou moins long terme pour la commune de Schaerbeek.
L’école n°15 dans les années 30
L’école n°15 en 1943
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