Isabelle Gatti de Gamond est une figure emblématique de l’enseignement bruxellois. Fondatrice et directrice de la 1ère école laïque pour jeunes filles de Bruxelles, elle est également une féministe et militante socialiste. Elle est née à Paris le 28 juillet 1839. Son père, Giovanni Gatti, est un artiste peintre italien, tandis que sa mère, Zoé de Gamond, est Belge. Femme engagée et impliquée dans les questions de la condition de la femme et de son éducation, elle a fortement marqué le parcours de sa fille, qui a toujours reconnu cet héritage intellectuel.
[Portrait d’Isabelle Gatti de Gamond, reproduction d’une photo, [ca. 1890-1905], Archives privées (n°7), Archives de la Ville de Bruxelles]
La famille n’a pas toujours vécu en Belgique. Isabelle revient en Belgique en 1861 à l’âge de 22 ans et s’installe au domicile de son père à Ixelles. Elle débute comme institutrice privée et assure des traductions pour la maison d’édition Lacroix, Van Meenen et Cie. Entre mars 1862 et 1864, elle dirige la revue « L’Education de la Femme » dans laquelle elle développe les bases de son projet éducatif.
[Cours de couture à l’Ecole de Saint-Ghislain à Bruxelles, reproduction d’une photo, [après 1919], Collection iconographique (Album I-22), Archives de la Ville de Bruxelles]
[Classe ménagère à l’Ecole de Saint-Ghislain à Bruxelles, reproduction d’une photo, [après 1919], Collection iconographique (Album I-22), Archives de la Ville de Bruxelles]
Celui-ci prévoit un enseignement intégral pour les enfants de 5 à 18 ans qui ne suit pas la division traditionnelle en 3 degrés (enseignement primaire, moyen et supérieur). L’objectif est de toucher tous les niveaux d’enseignement et toutes les femmes, peu importe leur condition. Son projet est à contre-courant de l’enseignement proposé jusqu’alors aux jeunes filles. Après l’école primaire, celles issues de la bourgeoisie peuvent fréquenter des pensionnats conventuels privés et couteux où l’on dispense les « arts d’agrément » (couture, musique, danse, chant, piano) et où l’éducation religieuse est incontournable. Le but est alors de les préparer à remplir leurs futurs rôles de mère et d’épouse, non pas de leur fournir une formation intellectuelle.
[Programme des Cours d’Education, publication, 1866, Bibliothèque (BIB 7664/35), Archives de la Ville de Bruxelles]
[Table des matières des cours de l’année préparatoire et de la première année des Cours d’Education, publication, 1879, Bibliothèque (BIB 18418), Archives de la Ville de Bruxelles]
[Grille horaire des cours pour l’enseignement primaire, reproduction, [ca. 1888-1890], Archives privées (n°710-13), Archives de la Ville de Bruxelles]
[Corps professoral avec Isabelle Gatti assise au centre, photo, 1902, Archives privées (n°710-7), Archives de la Ville de Bruxelles]
Isabelle peut mettre en pratique son programme en 1864 lorsqu’elle obtient l’autorisation du Conseil communal de la Ville de Bruxelles de créer une école moyenne pour filles. Cette institution communale n’offre pas d’enseignement religieux, mais bien des cours de sciences, de mathématique, de langues modernes et anciennes, ainsi que d’éducation physique. La première école, dénommée « Cours d’éducation A », est ouverte à la rue du Marais. Vu le succès, deux autres écoles sont ouvertes à Bruxelles : le « Cours d’éducation B » en 1876 à la rue de la Paille et « Cours d’Education C » en 1908 rue de Gravelines. Le modèle se diffuse également dans d’autres communes belges.
[Façade de l’école Cours d’Education A à la rue du Marais, photo, fin 19e siècle, Archives privées (n°710-2), Archives de la Ville de Bruxelles]
[Projet d’aménagement de l’école rue du Marais, plan, septembre 1888, Travaux publics (NPP S7), Archives de la Ville de Bruxelles]
Isabelle Gatti prend sa pension en 1899 après avoir enseigné durant 35 ans. Elle se consacre alors à la défense du féminisme, du socialisme et de la libre pensée. Elle décède à Uccle en 1905.
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