Vie scolaire

Frans Vervloesem, instituteur à Woluwe-Saint-Lambert

À la veille de l’annexion de nos régions par la république française en 1794, il existait une cinquantaine d’écoles primaires reconnues à Bruxelles et dans les environs, mais on ne trouve rien de semblable à Woluwe-Saint-Lambert. Comme dans bien d’autres petits bourgs ruraux, c’est encore le curé ou à défaut le sacristain, qui se charge de dispenser aux jeunes paroissiens des notions de lecture, d’écriture et surtout de catéchisme. C’est d’ailleurs la «Kostershuis», ou maison du sacristain (autrefois située au pied de la tour de l’église Saint- Lambert et démolie vers 1930), qui fait alors office de lieu d’instruction.

Bien que le régime français ait établi, dès 1795, les premières lois en matière de scolarité́ il faut attendre 1824, sous le mayorat de Jean Devis, pour voir le conseil communal de Woluwe-Saint-Lambert prendre la décision de louer une partie de la « Kostershuis » afin d’y installer un local de classe mieux adapté.

[Le centre du village de Woluwe-Saint-Lambert vers 1910. Au centre, la « Kostershuis » ou maison du Sacristain, dont l’annexe servit de local scolaire dans la première moitié du XIXe siècle, carte postale, Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert]

 

Lorsqu’en 1852, la commune achète l’immeuble qui deviendra par la suite la maison communale (l’actuel Shalom Center), elle en affecte une partie à l’usage provisoire de classe. Quatre ans plus tard, elle fait bâtir l’école définitive, située un peu en contrebas, rue Madyol (aujourd’hui occupée par la bibliothèque Saint-Lambert). Cette nouvelle école, où l’on dispense l’enseignement conjointement aux filles et aux garçons, restera en fonction durant plus d’un demi-siècle.

[Le centre de Woluwe-Saint-Lambert vers 1900. À l’avant-plan, l’école communale bâtie rue Madyol en 1856, photographie, collection privée]

 

Quand en 1874, il décide de fonder une école confessionnelle pour filles à Woluwe-Saint-Lambert, Jules Malou est fixé dans notre commune depuis plus de vingt ans. Il est alors ministre des Finances et chef de file incontesté́ des catholiques belges. Pour diriger l’institution, il sollicite le concours de la Congrégation des Sœurs de la Providence et, l’école prend ensuite possession de la « Chancellerie », vieille demeure vraisemblablement érigée au XVIe siècle que l’institut de la Providence occupe toujours à l’heure actuelle.

[Jules MALOU (1810-1886), fondateur d’une école confessionnelle pour filles à Woluwe en 1874 (dans les locaux de la « Chancellerie », actuellement Institut de la Providence) et de l’école libre adoptée pour garçons qui se substitua à l’école communale de 1884 à 1895, portrait d’après Franz Xaver Winterhalter, 1852, Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert]

[La « Chancellerie », siège de l’école des filles fondée en 1874 par Jules Malou. Aujourd’hui, intégrée dans le complexe de l’Institut de la Providence, photographie, v.1910, Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert]

 

Lorsqu’ils prennent les rênes du pouvoir au détriment des libéraux qui ont gouverné la Belgique de 1878 à 1884, les catholiques votent une nouvelle loi sur l’enseignement primaire qui permet aux communes de choisir entre l’adoption d’une école confessionnelle et le maintien d’une école officielle neutre. La commune de Woluwe-Saint-Lambert, dirigée par le bourgmestre Henri Verheyleweghen, d’obédience catholique, adopte l’école libre fondée par Jules Malou, dont une section est ouverte aux garçons, et prend la décision de supprimer l’école communale. Celle-ci sera toutefois rouverte en 1895 sous la pression des libéraux. La guerre scolaire bat alors son plein !

Au début du XXe siècle, les locaux de la petite école de la rue Madyol deviennent insuffisants, la population scolaire, liée à l’essor démographique, ne cessant de croitre. C’est ainsi que le 3 juin 1905, le conseil communal approuve l’achat d’un terrain de près de 45 ares situé en bordure de ce qu’on appelle alors la « Petite Chaussée » (Kleine Kasseide), l’actuelle rue Vervloesem. La somme de 10.900 francs consacrée à cet achat est couverte par un emprunt auprès du Crédit communal de Belgique. En 1909, la nouvelle école, pourvue dès l’origine d’un gymnase et conçue par l’architecte Henri Jacobs, connu pour ses réalisations scolaires Art Nouveau (notamment le groupe scolaire Josaphat à Schaerbeek), est ouverte aux élèves. Sa valeur patrimoniale a d’ailleurs été́ reconnue par son inscription sur la liste de sauvegarde en 1996.

[Décision du conseil communal d’acquérir un terrain pour la construction de la nouvelle école communale, à la Petite Chaussée (actuellement rue Vervloesem), séance du 3 juin 1905, Administration communale de Woluwe-Saint-Lambert]

 

Né à Keerbergen le 2 octobre 1850 (ou le 3 octobre 1849 selon d’autres sources), Jean-François Vervloesem sort diplômé́ de l’école normale de l’Etat à Lierre (à l’instar de Théodore De Cuyper, futur échevin, et Antoine-Joseph Slegers, futur secrétaire communal). Il enseigne d’abord à l’école communale de Jette entre 1870 et 1879 avant d’être désigné́ par Jules Malou pour donner cours à l’école des Sœur de la Providence qu’il vient de créer à Woluwe-Saint- Lambert. Il deviendra ensuite instituteur en chef de l’école communale en 1895 et le restera jusqu’à sa mort en 1917.

[De gauche à droite, Edouard Van Waeg, Antoine-Joseph Slegers et Frans Vervloesem, photographie, sd, Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert]
[Les trois instituteurs désignés par Malou pour desservir son école libre de garçons fondée en 1879. En 1895, à la suppression de l’école adoptée, ils deviennent instituteurs communaux. E. Van Waeg et A.-J. Slegers cumuleront également la charge de secrétaire communal, le premier de Woluwe-Saint-Pierre entre 1903 et 1940, et le second, de Woluwe-Saint-Lambert entre 1892 et 1931. L’avenue A.-J . Slegers rappelle son souvenir. Bien que non datée, cette photo pourrait remonter à 1895, date de leur nomination comme enseignants communaux]

 

De son vivant, cet homme robuste, à la carrure impressionnante, était estimé de la population tout entière. L’ampleur des festivités organisées en son honneur en 1894 et 1907 dans tout Woluwe démontre à merveille la place importante que tenait le «maître» au sein de la petite communauté́ villageoise et l’ascendant psychologique qu’il exerçait sur elle, au même titre que le châtelain, le curé ou le notaire.

En 1930, ses anciens élèves commandèrent au sculpteur woluwéen Joseph-Gérard Van Goolen le buste qui orne le préau intérieur de l’école. Après avoir porté́, dès 1939, le n° 1 dans la hiérarchie des établissements scolaires communaux, c’est en 1954 que l’école reçut le nom de ce véritable représentant de l’élite locale d’autrefois dont le nom figure également sur les plaques de rue de l’artère adjacente depuis les environs de 1920.

En 2009, l’école est rénovée tout en conservant son cachet. L’installation électrique est remise à neuf, un nouveau réfectoire à destination des maternelles est aménagé et l’acoustique du préau est améliorée.

 

© Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert

1 thought on “Frans Vervloesem, instituteur à Woluwe-Saint-Lambert”

  1. Une partie de ma scolarité en classe primaire eu lieu dans cette merveilleuse école de la rue Vervloesem , nous y avons appris l’histoire et la découverte de notre commune , l’histoire des marais de Woluwé , nous avons visité les fermes encore existantes , l’histoire des terres de sable et des terres argileuse , des briqueteries , des brasseries , et de la woluwe … Pour finir par la construction du Shopping et de la fin de la période rurale …

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