Quand on pense à Ixelles, les étangs sont les espaces verts que l’on évoque tout de suite. Leur centralité et les interactions qu’ils ont avec le quartier et ses habitants sont autant d’éléments qui font de ces étangs un havre de paix.
La 2ème moitié du XIXe siècle étant riche en projets urbanistiques et environnementaux pour toutes les communes bruxelloises, il n’est pas étonnant que l’histoire de l’aménagement de nos étangs remonte à cette période. A cette époque, il existe 4 étangs naturels formés par le cours du Maelbeek. L’assainissement de ceux-ci ainsi que la gestion du Maelbeek sont deux questions qui interpellent fortement les autorités communales.
S’ajoute à celles-ci le projet de la création de l’avenue Louise qui permet le développement d’un nouveau quartier bourgeois, entraînant un manque à gagner pour Ixelles car une partie de son territoire est alors annexé à la ville de Bruxelles.
« Ixelles entame alors l’étude d’un plan d’aménagement pour la création d’un itinéraire aux abords des étangs, digne de rivaliser avec la prestigieuse avenue. » (Voir sources)
Après l’évaluation de trois projets par une commission spéciale, c’est celui de Louis Fuchs, architecte paysagiste, qui est retenu. Cependant, il devra être remanié par l’inspecteur-voyer (inspecteur des chemins) Victor Besme en une version plus raisonnable et moins coûteuse pour Ixelles.
[Plan accompagnant l’arrêté royal, 24 août 1865, Fonds des plans et arrêtés royaux, Archives de la commune d’Ixelles]
Le grand étang est maintenu, les deuxième et troisième ne font plus qu’un. Le quatrième étang, lui, disparaît tout bonnement.
« Les berges accueillent quant à elles une avenue-promenade large de seize mètres. Bien que décrété par l’arrêté royal du 24.08.1865, et intégré dans le Plan général pour l’extension et l’embellissement de l’agglomération bruxelloise de V. Besme (1866), le plan n’est pas mis à exécution. De longues tractations sont en effet encore nécessaires avant que la Commune n’acquiert la propriété des héritiers Legrand (soit 6 hectares d’étangs et environ 2,5 hectares de digues, maisons, jardins et terrains. » (Voir sources)
Le 31 janvier 1871, une convention est enfin signée. L’achat des terrains et des étangs par la Commune est actée, à condition que les étangs soient conservés en vue d’embellir ce lieu devenu public.
[Information de commodo et incommodo, 27 mars 1871, Fonds des Travaux publics, Archives de la commune d’Ixelles]
Pendant ce temps de négociation, la Commune n’est pas restée inactive. La section des travaux publics invite messieurs Besme et Coenraets (architecte et directeur des Travaux publics de la commune d’Ixelles), à travailler ensemble. « De cette collaboration naît le Plan d’ensemble pour l’aménagement des étangs d’Ixelles et leurs versants, adopté par le Conseil communal le 6 mai et 9 septembre 1871. V. Besme signe la partie du plan relative aux étangs et au versant de l’avenue Louise, tandis que L. Coenraets signe le reste. »
A ce stade du projet, on peut dire que la question de la sauvegarde des étangs et de l’embellissement du quartier qui les abrite est en bonne voie.
Cependant, il faut aussi avoir à l’esprit que dans les mêmes années, les quartiers bordant l’avenue Louise sont également en effervescence.
Pour ce qui touche à l’aménagement de notre quartier des étangs, sont également concernées les rues ouvertes entre ceux-ci et l’avenue Louise. Ainsi, la Société de l’Avenue Louise, fondée en 1872, soumet à la Commune un plan d’aménagement en 1873.
Elle « s’engage à exécuter l’ensemble du projet à d’avantageuses conditions : elle cède gratuitement à la Commune l’assiette des rues ouvertes ; elle exécute à ses frais les travaux d’aménagement des rues (terrassement, égouttages, pavage) ; elle réserve une servitude de non bâtisse de 8 mètres devant les habitations ; elle réalise les travaux d’appropriation des étangs (rectification de la ligne des berges, création de chemins et de places publiques en mettant des parties hors d’eau, évasement des parties conservées des étangs, fascinage partiel des berges ; plantation, gazonnage et enrochements des berges. »
[Vue panoramique des étangs, carte postale, circa 1910, Fonds Hainaut, Archives de la commune d’Ixelles]
Enfin, tout autour des étangs, de nombreux travaux continueront et contribueront à rendre ce quartier tel que nous le connaissons aujourd’hui : agréable, riche de demeures magnifiques et incitant à la promenade.
Il y aura l’aménagement de la place devant l’église Sainte-Croix (aujourd’hui place Flagey), l’appropriation des berges confiée à l’architecte paysagiste Edouard Keilig, le traçage quasi parallèle des rues vers l’avenue Louise, l’autre traçage des rues vers la chaussée de Boondael et la réalisation de deux squares.
[Pêcheurs, photographie issue de la Revue Hebdomadaire Illustrée des Actualités Universelles, avril 1916, Fonds Hainaut, Archives de la commune d’Ixelles]
[Les étangs, carte postale, circa 1920, Fonds Demoye, Archives de la commune d’Ixelles]
[Les étangs en hiver, carte postale, circa 1899, Fonds Demoye, Archives de la commune d’Ixelles]
Sources – Bron
Inventaire du patrimoine architectural de la région de Bruxelles: http://www.irismonument.be/pdf/fr/1050-Ixelles_developpement_urbanistique_2.pdf
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