Woluwe-Saint-Lambert fut longtemps une commune peu développée en ce domaine. En effet, divers facteurs entravaient la création de ce type d’établissements sur le plan local :
- une urbanisation tardive de la commune qui ne s’ébauche qu’à partir de 1900 ;
- l’absence de quartiers à forte densité de population, si l’on excepte les abords de l’avenue Georges Henri ;
- l’accessibilité aisée au centre-ville grâce à la multiplication des lignes de tramways desservant Woluwe ;
- le caractère rural encore très prononcé d’une grande partie de la commune jusqu’aux années cinquante, etc.
Salles de spectacles
Avant la seconde guerre mondiale, au mieux pouvait-on citer comme « salles de spectacle » les établissements suivants, tous associés à des débits de boissons :
Salle de l’Alliance — Rue Voot, 28
Située à l’étage de l’ancien café de l’Alliance, édifié en 1922/23 à l’emplacement d’un établissement éponyme, la salle de l’Alliance concentrait au centre du village un véritable petit lieu d’activités culturelles avant la lettre, notamment par les prestations régulières de l’Harmonie de l’Alliance, société musicale qui y avait son siège (jusqu’en 1940, date de sa disparition), celles du très actif cercle théâtral néerlandophone « Onder Ons », ainsi que de l’éphémère cercle théâtral francophone « le Rubis », transféré par la suite au boulevard Brand Whitlock.
Salle polyvalente, elle accueillait tout aussi bien des manifestations à caractère récréatif (par exemple en 1937 l’élection de Miss Woluwe pour le titre de Miss Belgique 1937 !) que des réunions politiques parfois houleuses. En 1931, elle fut même le théâtre (si l’on peut dire !) d’une violente échauffourée opposant anciens combattants de la première guerre mondiale et militants flamingants (dit frontistes) au cours d’une conférence présentée par le leader d’extrême-droite Gustaaf (dit Staf) Declercq, futur dirigeant du VNV (Vlaams National Verbond), parti collaborationniste en 1940-1945.
Salle de l’Europe — Rue Voot, 40
À l’origine, c’est une salle de bal aménagée en 1913 et déjà mentionnée en 1919 sous le nom de « Salle Europa ».
Devenue salle polyvalente, sans fonction bien déterminée, elle disparue dans les années 1950. L’immeuble quant à lui fut démoli en 1973.
Salle du Cercle Fétis — Avenue Georges Henri, 1 (angle de la place Verheyleweghen)
Pendant rodebeekois de la salle de l’Alliance et également salle polyvalente, elle était située à l’étage de la Brasserie du Cercle Fétis, établissement édifié en 1922 par l’entrepreneur Félix Van Eycken, membre actif de la société musicale homonyme, « L’Harmonie du Cercle Fétis ».
Dès 1951, un Cercle d’Art anime, au sein du Musée communal, un début de vie culturelle proposant conférences, récitals de musique et de poésie, expositions, etc. Néanmoins, il faut attendre les années soixante, pour qu’un changement capital s’amorce, les autorités communales souhaitant alors amplifier ces activités en les structurant de manière plus cohérente.
La création du Comité culturel, fin 1963, marquera la première étape. Toutefois, l’offre croissante en matière culturelle supposait l’existence d’infrastructures mieux adaptées à la nouvelle donne. Les locaux du Musée et de la salle des conférences de l’hôtel communal, ne répondant plus aux exigences d’une politique culturelle dynamique.
Vers 1970, s’ébauche alors un ambitieux projet de centre culturel à ériger dans le cadre du parc Malou, situé en bordure du boulevard de la Woluwe. Le château de l’ancien ministre Jules Malou (1810-1886), voué lui aussi à la Culture après rénovation, devait être complété par la construction, sur le site marécageux du Struykbeek, d’un imposant complexe contemporain dont la réalisation serait confiée à l’architecte namurois Roger Bastin (1913-1986), figure marquante de l’architecture belge de l’Après-Guerre. Mais les contraintes budgétaires de l’époque — et peut-être déjà aussi, l’émergence d’une prise de conscience écologique — amèneront la commune à abandonner le projet.
Dans la foulée, des solutions provisoires sont adoptées, en particulier la reconversion des anciens pavillons de l’Athénée Royal de Woluwe-Saint-Lambert en petites unités d’accueil mises à la disposition de Wolu-Culture, aujourd’hui Centre culturel Wolubilis, de multiples ateliers et d’associations à caractère socio-culturel présents dans la commune. Cet ensemble est baptisé les « Chantiers du Temps Libre » (CTL), formule heureuse imaginée par feu l’ancien bourgmestre Georges Désir.
[Les Chantiers du Temps Libre, photo, sd, Centre culturel Wolubilis]
Reste cependant la question d’une salle de spectacle digne de ce nom. Une nouvelle implantation, envisagée vers 1980, à l’emplacement d’une partie de l’ancien cimetière d’Etterbeek désaffecté, rue Montagne des Cerisiers, n’aboutit pas suite à l’opposition des autorités régionales bruxelloises, à l’époque encore sous tutelle du gouvernement central.
Théâtre
Wolubilis – Cours Paul Henri Spaak 1
C’est donc en 2005, que la vie culturelle à Woluwe-Saint-Lambert prend une ampleur toute particulière avec la concrétisation de ce fameux projet cher à Georges Désir : le Village culturel, Wolubilis, qu’il avait souhaité être un « lieu de près de 10.000 m², caractérisé par une ouverture sur tous les arts de la scène et sur le monde au travers de différents pôles – théâtre, ateliers, danse, expos, bibliothèque ».
A ses détracteurs, l’homme politique avait l’habitude de répondre : « on ne critique jamais quand il s’agit de construire des écoles et des hôpitaux donc pourquoi pas une salle de spectacle ». Ainsi, ce lieu, ancré dans la ville et articulé autour d’une agora où des films sont projetés en été, se compose d’un théâtre d’une capacité de 500 places qui a ouvert ses portes le 23 mars 2006, des locaux du centre culturel, qui coordonne entre-autres les Ateliers de Wolubilis et l’Artothèque, d’une école de danse, d’une bibliothèque et diverses associations culturelles.
[Wolubilis, photo, sd – source: Wikipedia]
Cinémas
Pour les raisons évoquées plus haut, les cinémas ont fait une apparition tardive à Woluwe-Saint-Lambert. Jusque dans les années septante on en dénombrait trois, tous conçus par l’architecte Guy Rousseau. Fermés dans les années septante, ils ont été reconvertis en espaces à usage commercial :
Cinéma Wolu — Place Jean-Baptiste Degrooff, n° 7
Ouvert en 1938. Fermé en 1977.
Cinéma Brazil — Avenue Georges Henri, 198
Ouvert en 1951. Fermé en 1972.
Cinéma Métro — Avenue Georges Henri, 481
Ouvert en 1955. Fermé en 1975.
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