En Belgique, on trouve une trentaine de paroisses placées sous le patronage de saint Servais. Cet évêque de Tongres a vécu au IVe siècle et, selon la Légende dorée, il a essayé de protéger ses paroissiens de l’arrivée des Huns dans les Gaules. Il meurt à Maastricht des suites d’une fièvre.
[Gaspar de Crayer, La vision de Saint-Servais, 1661, huile sur toile, 330 x 220 cm, Église Saint-Servais de Schaerbeek – reproduction photographique, Fonds Van den Haute, Archives communales de Schaerbeek]
On ignore quand le culte de saint Servais est arrivé à Schaerbeek. Une gravure du XVIIIe siècle atteste de la présence d’une chasse contenant des reliques de saint Servais de même que du fait que les paysans venaient prier le saint pour la guérison de leurs animaux.
[La chasse reliquaire de saint Servais, image pieuse gravée par Harrewyn au XVIIIe siècle, reproduction, Fonds Van den Haute, Archives communales de Schaerbeek]
La première mention officielle d’une église à Schaerbeek se trouve dans un acte daté de 1120. L’édifice consiste alors en une petite chapelle romane, probablement construite dans le courant du XIe siècle. À la fin du XIIIe siècle, une petite église de style gothique vient remplacer le bâtiment précédent. Le chœur est achevé vers 1300. Plusieurs cartes permettent de situer l’église : sur la rive gauche du Maelbeek, au croisement de plusieurs chemins (au niveau des actuelles rues de la Ruche et Josaphat).
L’église a été transformée au fil des siècles mais son aspect général présente une nef à trois travées, un chœur à deux travées se terminant par un chevet à trois pans. La tour de trois étages est probablement construite sur la base de l’édifice roman et surmontée d’une haute flèche. L’église est également entourée d’un petit cimetière.
Au XVIe et XVIIe siècles, la tour est plusieurs fois endommagée et restaurée à la suite des différents conflits qui agitent le territoire (guerres de religions, guerre de trente ans). Une restauration du chœur et des toitures a lieu au milieu du XVIIIe siècle. En 1842, la nef et la tour sont entièrement démolies pour être reconstruites en réutilisant une partie des matériaux.
[J. D. Deken, L’église Saint-Servais en 1713, aquarelle, Cartes et plans (détail du plan terrier de l’hôpital Saint Jean, n°50, carte n°3), Archives du CPAS de Bruxelles]
[Schaerbeek en 1830, carte postale d’après une lithographie, Fonds Van den Haute (FVDH.A.CP.0093), Archives communales de Schaerbeek]
[A. Boine, Village de Schaerbeek, v. 1840, lithographie, Fonds Van den Haute, Archives communales de Schaerbeek]
[L’ancienne église Saint-Servais, carte postale, Fonds iconographique (FG.A.CP.0028), Archives communales de Schaerbeek]
Entre 1871 et 1876, une nouvelle église Saint-Servais est bâtie selon les plans de Gustave Hansotte. Après avoir envisagé d’orienter l’édifice vers la rue Royale, il est finalement décidé de placer sa façade principale sur la chaussée de Haecht. La commune de Schaerbeek s’implique financièrement dans la construction de l’église pour un montant de 80.000 francs. De style éclectique, le nouveau lieu de culte présente un plan en croix latine, un porche d’entrée de quatre niveaux surmontés d’un grand clocher. Le fidèle est accueilli par la sculpture de Saint-Servais qui orne la porte principale. À l’intérieur, la grande nef accueille plusieurs trésors comme les tableaux de Gaspar De Crayer, de Jacques Van Oost, de Léon Frédéric ou encore les fonts baptismaux sculptés par Guillaume Geefs.
[L’église Saint-Servais, carte postale, Fonds iconographique (FG.A.CP.0174), Archives communales de Schaerbeek]
[L’église Saint-Servais, carte postale, Fonds iconographique (FG.A.CP.2062), Archives communales de Schaerbeek]
[Fonts baptismaux, sculpteur Guillaume Geefs – photo 2013 Urban Brussels ©patrimoine.brussels]
La nouvelle église rend obsolète sa consœur. Le culte n’y est donc plus célébré et elle est laissé un temps à l’abandon. Vers 1886, l’administration communale décide de mettre l’ancienne église à la disposition de la Société royale de Gymnastique de Schaerbeek. La nef sert alors aux exercices de boxe et aux passes d’armes, les bas-côtés sont réservés aux engins d’exercices (espaliers, barres, cordes, poids, etc.). Des vestiaires et des douches sont installés dans l’entrée. En 1891, on installe la nouvelle école de dessin dans la vieille église, obligeant la Société à déménager provisoirement vers l’école moyenne des garçons, chaussée de Haecht.
[Les deux églises Saint-Servais, carte postale, Fonds Van den Haute (FVDH.A.CP.0092), Archives communales de Schaerbeek]
[La Société de gymnastique dans l’église, dessin paru dans L’Illustration européenne du 1er avril 1888, Fonds Van den Haute, Archives communales de Schaerbeek]
L’ancienne église est complètement démolie en 1905 pour laisser la place à l’aménagement de l’avenue Louis Bertrand. Raymond Pelgrims a réutilisé pour le pont à arches menant à son château de Grand Bigard plusieurs moellons de l’ancienne église. Ainsi, il subsiste encore quelques pierres de cet édifice schaerbeekois. De même, aujourd’hui, l’emplacement du choeur de l’église est indiqué par le vase Bacchanale sculpté par Godefroid Devreese et offert à la commune par Raoul Warocqué en 1911.
[Avenue Louis Bertrand, carte postale, Fonds iconographique (FG.A.CP.0007), Archives communales de Schaerbeek]
[Avenue Louis Bertrand, carte postale, Fonds iconographique (FG.A.CP.0005), Archives communales de Schaerbeek]
Sources :
Robert VAN DEN HAUTE, Notes d’histoire schaerbeekoise. La paroisse Saint-Servais des origines à 1905, Bruxelles, Éditions du Crédit communal de Belgique, 1968.
Robert VAN DEN HAUTE, « L’ancienne église Saint-Servais », dans Le Folkore brabançon, n°152, décembre 1961
Stéphane DEMETER (dir.), Atlas du sous-sol archéologique de la Région de Bruxelles. Schaerbeek, Bruxelles, 2006.
Liens :
Archive à la loupe: Ancienne église Saint-Servais
Notice sur l’actuelle église Saint-Servais (Urban.brussels)
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Des questions plutôt qu’un commentaire !
Un cadran d’horloge est visible sur l’une des cartes postales donnant une vue du clocher (Fonds iconographique FG. A. CP. 0174) de la nouvelle église.
Les archives communales (de la fabrique d’église?) apportent-elles des infos sur l’horloge et ses parties annexes, notamment :
est-elle un remploi d’une ancienne horloge (de quelle provenance?) ou une construction
nouvelle ?
un contrat de commande donne-t-il des caractéristiques techniques (autonomie de 30 heures? de 8 jours? nombre de cadrans? type de sonnerie? ? le nom du constructeur? nom du fondeur de cloches? …
Encore au XIXe et XXe siècles, l’horloge reste un attribut emblématique de trois ou quatre types d’édifices : églises, maisons communales et hôtels de ville, gares, postes !!!
Merci de me tenir au courant,
Jean-Pierre De Caluwé
Cher Monsieur,
Merci pour l’intérêt que vous portez à cet article. Nous n’avons malheureusement pas d’informations à vous fournir, les archives ne possédant que très peu de dossiers techniques sur cette église. Les archives de la fabrique d’église sont encore conservées par celle-ci, nous vous invitons donc à prendre directement contact avec elle.