Lieux de culte et cimetières

Notre-Dame de l’Annonciation à Ixelles

Située dans le quartier de Berkendael, l’Église Notre-Dame de l’Annonciation a été réalisée par l’entrepreneur E. Marit et l’architecte Camille Damman entre 1932 et 1934. Son style roman est complété par des éléments Art Déco tels que les confessionnaux en marbre rouge royal et de Carrare, œuvre de Julien De Ridder.

Dès 1898, un projet d’église est inscrit dans le plan général de création du nouveau quartier de Berkendael.

Son emplacement a pour but de clore la perspective de l’avenue Louis Lepoutre. En 1909, un concours est organisé, remporté par l’architecte Camille Damman. Suite à des divergences entre les autorités ecclésiastiques et civiles, il faut attendre l’arrêté royal du 11.03.1910 pour que la paroisse de l’Annonciation de la Sainte-Vierge soit fondée [1].

[Extrait plan du quartier Berkendael, ca. 1899 – Fonds des Travaux Publics (N141.2), Archives de la commune d’Ixelles]

 

Les péripéties liées à la réalisation de cette église sont joliment contées dans « Mémoire d’Ixelles », périodique trimestriel publié par le Cercle d’histoire d’Ixelles. L’auteur de l’article, Jean-François Van Caulaert, écrit ainsi :

Selon les mémoires de l’abbé Jean-Baptiste Van Genechten, curé fondateur de la Ste Trinité, c’est à la fin de l’année 1908 que le cardinal Mercier aurait pris contact avec les autorités civiles et religieuses concernées par l’érection de la nouvelle paroisse. (…) le 28 janvier 1909, le cardinal Mercier répondait aux trois questions de l’administration communale ixelloise : la partie sud-ouest de la place Brugmann serait indiquée et amplement suffisante à l’édifice de culte projeté ; oui, les intérêts spirituels des habitants d’un quartier en plein développement justifient dès maintenant la création de la nouvelle paroisse ; quant à la question de la circonscription, aux yeux de la loi, elle relève exclusivement de la compétence du gouverneur de province et du chef diocésain, avant d’être arrêtée par le gouvernement ; néanmoins, et sous toutes réserves, le cardinal indique les limites envisagées par lui, au départ de la place Vanderkindere : l’avenue Brugmann, la chaussée de Waterloo, l’avenue Molière, les rues de l’Anémone, de l’Ecole (future rue Marie Depage), de Bruxelles (future rue Edith Cavell) et l’avenue Longchamps (future avenue Winston Churchill). (…) Le 5 mars 1909, le cardinal Mercier s’adressait au ministre de la Justice (en charge des cultes) et, dès lors, la procédure allait suivre son cours [2]

L’arrêté royal du 21 novembre 1910, acte la succursale à ériger, sous le vocable de « l’Annonciation de la Sainte-Vierge », au quartier du Berkendael à Ixelles. Il acte également l’établissement d’un conseil de fabrique dans la nouvelle paroisse. Fin 1912, les autorités communales votent l’édification d’une nouvelle église, place Georges Brugmann. Son modèle de départ est différent de ce qui sera vraiment réalisé. En effet, les travaux débutés en 1914 seront arrêtés en raison des coûts et du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

[Rapport au Collège, 22 mars 1913 – Fonds des Travaux Publics (N141.2), Archives de la commune d’Ixelles]

 

Toujours dans le numéro n°73-74 « Mémoire d’Ixelles », l’auteur reprend des extraits du rapport du curé Hoebanckx sur ces années difficiles.

J’ai bâti mon église provisoire en avril-juillet 1915. L’ouverture a eu lieu le 4 août 1915 (1e anniversaire de l’invasion), en présence des ministres d’Espagne, des États-Unis et de Hollande. Ce fut une manifestation imposante et silencieuse. Les B*** furieux me condamnèrent à 140 marks d’amende pour avoir annoncé cette inauguration dans le Bulletin paroissial sans autorisation de la censure. (…) La paroisse compte parmi les martyrs de la patrie, Miss Cavell et Franz Merjay, tous deux fusillés pour espionnage. Monsieur de Backer , condamné à mort pour la même raison, a vu sa peine changée en travaux forcés à priorité. Il est revenu sain et sauf. Nous avons soigné sa famille. Mademoiselle Merjay, fille du précédent, a été déportée, de même que ses deux frères. Ils sont rentrés en bonne santé (…) [3].

Il faut donc attendre 1927 pour que les travaux reprennent, mais alors le prix des matériaux de construction oblige la fabrique d’église à demander à M. Damman de refaire un projet plus modeste.

[Permis d’urbanisme, 16 décembre 1932 – Fonds des Travaux Publics (N141.2), Archives de la commune d’Ixelles]

[Extraits d’un plan réalisé par Camille Damman, 1929 – Fonds des Travaux Publics (N141.2), Archives de la commune d’Ixelles]

 

Frédéric Brugmann, le neveu et héritier du banquier, mécène et grand propriétaire Georges Brugmann (1829-1900), fait une dotation de 1.500.000 francs pour la construction de la nouvelle église. La pose de la première pierre a lieu en 1932 et les travaux avancent vite si bien qu’un peu plus d’un an plus tard, l’église est achevée. Le 24 septembre 1934, le cardinal Joseph-Ernest Van Roey, archevêque de Malines, consacre le lieu.

[Cartes postales, [s.d.] – Fonds privé De Moye, Archives de la commune d’Ixelles]

 

Sources:

[1] https://monument.heritage.brussels/fr/buildings/16435 [EN LIGNE] (consulté le 4 janvier 2022).

[2] VAN CAULAERT Jean-François, « Une église à la plaine de Berkendael – Les débuts de la Paroisse de l’Annonciation », Mémoire d’Ixelles : périodique trimestriel, n°73-74, 1999, pp. 21-25.

[3] Ibid, pp. 29-30

 

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