Lieux de culte et cimetières

L’église Saint-Pierre et ses transformations au fil des siècles

L’église Saint-Pierre surplombe la vallée de la Woluwe et est entourée d’un cimetière clos, qui remonte au moins au XIIe siècle.

La première église romane du XIIe siècle

Elle est mentionnée pour la première fois en 1173, dans un acte officiel dans lequel l’évêque de Cambrai fait don de l’église et de ses dépendances à l’abbaye de Forest. Elle reçoit le patronage du premier des apôtres car, d’après les traditions du Moyen-Age, Saint-Pierre était considéré comme le protecteur des animaux. De ce fait, les quatre églises de Bruxelles jouxtant les marchés aux bestiaux ont été dédiées à Saint-Pierre (Uccle, Anderlecht, Jette et Woluwe). La paroisse Saint-Pierre étant la plus ancienne du territoire, elle donne son nom à la commune.

L’église Néo-classique de 1755

Vers 1570, lors des guerres de religion, un incendie détruit la cure jouxtant l’église Saint-Pierre. Elle ne sera pas reconstruite et le curé ne sera pas remplacé. La paroisse tombe à l’abandon. Le curé de la paroisse Saint-Lambert dessert alors celle de Saint-Pierre et cumule ainsi les deux fonctions. Il s’occupera de tenir les registres paroissiaux des deux communes pendant un certain temps. Le 3 juin 1721, l’archevêque de Malines, en accord avec l’abbesse de Forest, décide de nommer à nouveau un curé à la paroisse Saint-Pierre. L’église est ainsi remise en valeur par cette réhabilitation.

En 1755, l’église étant devenu trop vétuste et impossible à restaurer, l’abbesse de Forest décide de la transformer complètement. Ne sont gardés que les soubassements en pierre qui seront réutilisés comme fondations de la nouvelle église. Les briques rouges utilisées à sa construction ont été fabriquées dans des briqueteries de Woluwe-Saint-Pierre, plus précisément sur le plateau de Stockel.

L’ancien chœur et la tour nord de l’édifice y sont construits, et subsistent encore. La mention « Anno 1755 » est encore lisible sur la porte d’entrée en chêne de cette tour ainsi que sur une pierre surmontant le soubassement du chœur de l’époque.

 

[Double porte de la tour Nord de l’église Saint-Pierre portant la mention de l’année 1755 – photos © Hélène Vandeput]

[Ancien chœur de l’église Saint-Pierre avec la mention 1755 sur la pierre blanche en-dessus du soubassement – photo © Hélène Vandeput]

 

Cette deuxième église est consacrée le 14 juillet 1778 par le cardinal Jean-Henri de Frankenberg (1726-1804). À cette époque, les chapelles de Marie-la-Misérable, à Woluwe-Saint-Lambert, et Notre-Dame de la Visitation, à Stockel, relevaient également de son autorité.

Dans la foulée, une nouvelle cure est également construite et achevée en 1784. Elle existe toujours pratiquement en l’état.

[Église Saint-Pierre après la transformation de 1755, carte postale, sd, Archives communales de Woluwe-Saint-Pierre]

 

L’église Art Déco du XXe siècle

Au vu de l’augmentation de la population (l’église ne peut accueillir que 300 paroissiens pour une population de plus de 4.000 habitants) et du caractère vétuste de l’église (dès 1924, la Fabrique d’église fait connaitre à l’administration communale l’état lamentable de l’église), le conseil communal tenu le 5 juin 1929 décide de son agrandissement et de sa restauration. Les premiers plans sont dressés en 1930 par l’architecte Julien de Ridder. Cet agrandissement va amener de nombreuses expropriations entre 1931 et 1933. Le cimetière paroissial est rasé, les dernières sépultures et les derniers monuments sont déménagés vers le nouveau cimetière situé sur la chaussée de Stockel. Durant les travaux, l’exercice du culte est maintenu dans l’ancienne église.

[Extrait du registre de conseil communal du 5 juin 1929 relatif à l’agrandissement de l’église Saint-Pierre, Archives communales de Woluwe-Saint-Pierre]

 

Les plans de l’architecte Julien De Ridder prévoient de conserver le chœur et la tour de l’ancienne église tout en construisant une nouvelle nef, sur l’emplacement de la précédente. Le chœur et la tour, deviendront les contreforts de l’avant-corps de la nouvelle église, constitué par l’ancienne nef qui n’existera plus désormais. La nouvelle église sera ainsi conçue suivant un axe perpendiculaire à celui de l’édifice existant. Une nouvelle tour et un nouveau chœur viendront compléter cet ensemble. Le niveau du sol sera rabaissé d’une cinquantaine de centimètres par rapport à celui de l’ancienne église.

Le 20 octobre 1935, l’évêque auxiliaire de Malines pose la première pierre. Les travaux vont bon train. Les murs de la nef de l’ancienne église, enclavés dans la nouvelle construction, sont démolis en 1936.

L’architecture de la nouvelle église mêle conservatisme et modernité. Cependant, les proportions monumentales contrastent avec les dimensions modestes de l’ancien bâtiment. L’orientation nord-ouest de cette construction, plutôt rare, rend bien compte de son développement architectural sur une parcelle limitée.

En 1937, l’industriel Jules Waucquez finance l’achèvement de l’église, à condition que l’architecte Léonard Homez se voit confier la suite des travaux. Il fera placer le pavement de la nef, les portes, les vitraux et le mobilier. En 1938, l’entrepreneur Scheerlinck se charge des travaux d’aménagement des abords de l’église et de la construction de l’escalier monumental.

[Église-Saint-Pierre actuellement – photo © Archives communales de Woluwe-Saint-Pierre]

 

Description de la nouvelle église

[Plan de l’église Saint-Pierre d’après un relevé de l’ancienne église par Julien De Ridder en 1930 et un relevé de l’église actuelle par le Service des Travaux publics de la commune, s.d. Dessin Michael Cuypers (photo 2005). Inventaire du Patrimoine architectural, Région de Bruxelles-Capitale]

 

L’accès se fait via le porche au-dessus du grand escalier.

« L’église présente un plan basilical à une seule vaste nef (G et H) qui compte trois travées [1]. La première (G), occupant l’emplacement de la nef de l’ancienne église, contient l’ancien chœur (B) devenu chapelle latérale ainsi que l’ancienne tour (J), qui constituait l’unique accès à l’ancien édifice. Le nouveau chœur (I), de plan semi-circulaire, est flanqué, de part et d’autre, d’une chapelle (C et K) ainsi que d’une annexe (D), au sud-ouest, et de la sacristie (L), au nord-est » [2].

La nouvelle tour (A) se compose de 5 niveaux. Elle présente un cadran d’horloge en pierre de Gobertange [3], à chiffres romains métalliques. Au rez-de-chaussée de la tour est représenté un bas-relief signé Oscar De Clerck, représentant saint Pierre remontant ses filets de pêche.

La tour et le chœur de l’ancienne église, tout comme les parties subsistantes de l’ancienne église, comme certains soubassements, sont classés au Patrimoine de la Commission des Monuments et des Sites de la Région de Bruxelles-Capitale depuis février 2004.

Notes:

[1] Selon Wikipédia (consultation faite le 3 février 2022 : « Travée : Portion (de voûte, de comble, de pont…) comprise entre deux points d’appui (colonnes, piles, piliers, etc.) ».

[2] Description reprise du site https://monument.heritage.brussels/fr/Woluwe-Saint-Pierre/Parvis_Saint-Pierre/A001/17378

[3] Selon le site www.carriere-de-gobertange.be, (consultation faite le 8 février 2022) « la pierre de gobertange est une pierre blanche calcaire extraite dans l’Est du Brabant-Wallon (dans le hameau de Gobertange faisant partie de la ville de Jodoigne). Depuis des siècles, de nombreux architectes de renom ont retenu ce matériau pour sa beauté et sa qualité dans la réalisation de monuments grandioses tels que la Grand-Place et l’Hôtel de Ville de Bruxelles, la Cathédrale de Malines, les Halles d’Ypres, divers autres monuments en Belgique, France et Hollande ».

Bibliographie:

Pour visiter l’église Saint-Pierre

  • Adresses : parvis Saint-Pierre (Église) et avenue Père Damien 29 (Chapelle Saint-François)
    https://upwoluwe.be
  • Curé canonique : abbé Guy Van Den Eeckhaut – 0474 21 63 75 – guy.vde@skynet.be
  • Prêtre référent : Abbé Idelphonse NDIMINA MPOYO, Petite rue de l’Église 2, Tel.: 02/770.07.05 –  ildephonsedimina@yahoo.be

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