En 1913, le Conseil de Fabrique introduit une demande pour l’édification d’une église et d’un presbytère avenue des Villas à Saint-Gilles. Cette mission est confiée à Louis Peppermans, architecte de l’Ecole Saint-Luc de la rue d’Irlande, qui présente au Collège des avant-projets refusés à deux reprises. En effet, la superficie des bâtiments est de beaucoup supérieure à celle prévue dans la convention intervenue entre la Commune et la Compagnie immobilière. Il soumet cependant de nouveaux plans le 5 décembre 1912 qui seront enfin validés par le Collège le 13 décembre de la même année. De ce dernier projet, d’inspiration romano-byzantine, seules la cure et la crypte verront le jour.
[Plan de la construction d’une église avenue des Villas, façade principale, projet de 1912. Archives de l’Urbanisme de Saint-Gilles]
[Plan de la construction d’une église avenue des Villas, façade principale, projet de 1912. Archives de l’Urbanisme de Saint-Gilles]
Sous l’impulsion du chanoine Leclercq, l’abbé Jacques Buisseret fait appel à l’architecte Roger Bastin pour reprendre en 1938 la construction de l’église Sainte-Alène dont l’énorme crypte aurait été un gouffre financier. L’étude dure 5 ans et le plan définitif est mis au point de concert avec l’architecte Jacques Dupuis. Ce dernier contribue à l’aspect final de l’édifice par son apport à la décoration intérieure et en particulier à la nef latérale droite.
On ne peut pas évoquer Roger Bastin sans citer quelques-unes de ses œuvres majeures dont la Bibliothèque Moretus Plantin et la rénovation de l’Arsenal sur le site de l’Université de Namur en adéquation avec les attentes du recteur de l’époque, à savoir le père Jacques Denis. Confirmé meilleur architecte d’après-guerre du pays aux côtés de l’architecte Jacques Dupuis, Roger Bastin bâtit notamment avec ce dernier deux chapelles mariales à Bertrix, l’église paroissiale de Jéhonville ainsi que des cités sociales et bâtiments d’entreprise.
La construction de l’église Sainte-Alène dans un style moderniste restera cependant une expérience des plus éprouvantes. En effet, suite à beaucoup de retard accumulé, Bastin, inquiété par l’ampleur de sa tâche et des problèmes que posent la façade, décide de faire appel en 1941 à son ami Dupuis qui lui prêtera main forte dans la conception des plans. L’entreprise va durer dix années mais l’église ne sera véritablement achevée qu’en 1975. Le temps consacré à ce projet de grande envergure témoigne du souci d’une certaine perfection, de la recherche d’unité et de la volonté de tendre vers une pureté architecturale. A plusieurs reprises, le travail en cours est revu et corrigé et le manque de fonds disponibles vient inexorablement entraver la construction de l’édifice.
[Dessin de la façade, s.d. Archive de l’Urbanisme de Saint-Gilles]
[Plan du rez-de-chaussée et élévation principale des avant-corps, Archive de l’Urbanisme de Saint-Gilles]
[Façade de l’église Sainte-Alène, Archive de l’Urbanisme de Saint-Gilles]
[Façade de l’église Sainte-Alène, Archive de l’Urbanisme de Saint-Gilles]
Toutefois, en dépit des embûches de la guerre, des soucis financiers et des tracasseries personnelles, la commande est finalement honorée. L’église naît de la pureté des lignes romanes et du modernisme rationaliste de l’Italie des années trente. Sa façade austère précédée d’un parvis consiste en deux colonnes plates monumentales et d’un porche légèrement en retrait surmonté d’un motif sculptural en métal exécuté par le sculpteur Philippe Denis. Passé le portail, la nef centrale très large, offre une vue dégagée sur l’autel. Elle est flanquée de colonnes élevées traçant un déambulatoire étroit fermé par des cloisons ajourées à la hauteur du chœur. Ce dernier est surélevé de cinq marches et s’élargit en une grande et haute abside. A droite un déambulatoire bas se termine par une chapelle. Les arcs en plein cintre sont omniprésents à la fois dans la structure et le décor. Voir ici les photos d’intérieur prises par le SPRB-DMS ainsi que le mobilier recensé par l’IRPA.
Toutes les étapes dans cette construction ont été pensées et remaniées dans un esprit d’étroite collaboration. Les idées véhiculées à la fois par le curé, les vicaires, les architectes et les décorateurs se sont assemblées pour donner naissance à une œuvre originale et élégante.
Référence :
- Dossier des permis d’urbanisme de la commune de Saint-Gilles, 49-51 avenue des Villas
- https://monument.heritage.brussels/fr/buildings/8724
- jacquesdupuis.be/pq/archi/b7-stealene.html
- academieroyale.be, Notice sur Bastin, membre de l’Académie
- https://annexes.reflexcity.net/bruxelles/sainte-alene-forest/1978-Sainte-Alene-Petit-Coin-de-Ciel-Bleu.pdf, Brochure de 1978 et réimprimée pour les Journées du Patrimoine de 2008 (Bruxelles-Capitale)
- https://annexes.reflexcity.net/bruxelles/sainte-alene-forest/Sainte-Alene-et-Patrimoine.pdf, Histoire de Sainte-Alène et description du patrimoine de l’église
- https://annexes.reflexcity.net/bruxelles/sainte-alene-forest/1954-Le-Phare-et-Art-Eglise.pdf, un article du journal Le Phare de 1954, ainsi que principalement la copie de la revue Art d’église de 1953
- https://annexes.reflexcity.net/bruxelles/sainte-alene-forest/ste_aleve-petit-coin-ciel-bleu.pdf, « Ste-Alène un petit coin de ciel bleu (vers1968), Remerciements à Madame Sobieski
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