À sa construction en 1913, le « Pathé Palace » s’impose d’emblée comme le plus grand lieu culturel de Bruxelles. Voulu par Charles Pathé comme un lieu culturel polyvalent, sur le modèle des salles de Music-Hall italiennes, il peut accueillir 2.500 personnes et se compose d’un parterre en deux parties, de deux balcons, de diverses salles annexes et d’un vaste bar aux décorations de style « Mauresque » situé dans les sous-sols. Conçu par l’architecte Paul Hamesse, disciple de Paul Hankar, le bâtiment est représentatif du style Art nouveau tardif, annonçant les prémisses de l’Art Déco, tout en conservant des éléments du style Eclectique de son prédécesseur, l’Hôtel des Ventes, construit en 1880-1881.
[Plan de la façade existante, permis d’urbanisme « Construction d’une salle de spectacle », TP 25458, 1913, A.V.B]
Dès 1929, les premiers travaux de modernisation sont engagés, notamment en raison de l’arrivée du cinéma parlant : des hauts parleurs sont ajoutés, l’acoustique est améliorée, et la partie de la fosse qui accueillaient l’orchestre est comblée avec de nouvelles rangées de sièges.
[Affiche de cinéma pour le film « Chouquette et son As », Pathé Palace, Boulevard Anspach 85, Bruxelles, 1920, IV-11, A.V.B]
En 1950, les décorations « à l’italienne » disparaissent pour améliorer la fluidité de la circulation, mais certaines restent visibles aujourd’hui, notamment dans le « Foyer Hamesse ».
[Photos du Pathé Palace 1950, dossier « historique », permis d’urbanisme « Réaffecter le Palace en un pôle cinématographique », TP 114197, 2009, A.V.B]
Malheureusement, en 1973, le cinéma ferme ses portes, et le lieu est progressivement laissé à l’abandon, malgré plusieurs changements d’utilisation (commerces, logements, showroom, etc.). De nombreux éléments intérieurs sont démolis, y compris le parterre qui sera transformé en parking.
[Photo de la facade, permis d’urbanisme « Démolition d’une marquise », TP 74121, 1965, A.V.B]
En 1997, les façades et le foyer Hamesse sont classés par la Commission Royale des Monuments et Sites, et le bâtiment retrouve en 1998 sa fonction initiale de salle de cinéma grâce au projet Kladaradatsch !, mais ferme de nouveau ses portes en 2000.
Si le Théâtre National de Belgique s’y installe temporairement en 2002, il faudra attendre que la Communauté française, nouveau propriétaire du bâtiment, lance en 2004 un appel à projet pour la réaffectation du lieu en cinéma d’art et essai. C’est l’ASBL « Le Palace », présidée par le cinéaste Luc Dardenne, et soutenue par nombreux acteurs du milieu cinématographique belge, qui remporte cet appel.
Devant l’ampleur de la tâche, il faudra de nombreuses années pour concevoir et lancer les travaux de réhabilitation du bâtiment. La volonté d’Alain Richard, architecte du projet, sera de « créer du vide » , afin de redonner aux lieux une cohérence perdue par les nombreuses réaffectations, notamment en travaillant autour de la lumière naturelle.
[Photos avant restauration, date inconnue, dossier « historique », permis d’urbanisme « Réaffecter le Palace en un pôle cinématographique », TP 114917, 2009, A.V.B]
Le projet est lancé en 2009, les travaux en 2012, et après 5 ans de travail, le cinéma peut enfin ouvrir ses portes en 2018.
Désormais composé de quatre salles, un restaurant et de multiples espaces conçus pour accueillir tous types d’évènements culturels , le Palace retrouve sa place de haut-lieu du cinéma et de la culture au sens large à Bruxelles. Malgré les destructions et restaurations successives, le coq, emblème de la société « Pathé » et présent dès la construction du bâtiment, trône toujours à son sommet.
[Plan de la façade projetée (détail), permis d’urbanisme « Construction d’une salle de spectacle », TP 25458, 1913, A.V.B.]
Sources :
Historique sur le site du Palace
Page dédiée au bâtiment sur l’Inventaire du patrimoine architectural :
Page dédiée au bâtiment sur Wikipedia
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