Le XIXe siècle voit la Belgique se doter d’un appareil industriel extrêmement développé pour l’époque. Et si les industries majeures (entre autres les sites miniers et les usines sidérurgiques) sont situées au sud du pays, l’agglomération de Bruxelles dispose elle aussi de petites industries. À Ixelles, on trouve notamment des brasseries, des fabriques de porcelaine et de petites industries diverses (savonneries, vinaigreries, fonderies…).
In de 19de eeuw ontstaat in België een voor die tijd heel ver ontwikkeld industrieel apparaat. Hoewel de belangrijkste industriële centra – onder andere de mijnsites en staalfabrieken – zich in het zuiden van het land bevinden, beschikt Brussel zelf ook over enkele kleine industrieën. Zo waren er in Elsene brouwerijen, porseleinfabrieken en verschillende andere industrieën (fabrieken waar zeep en azijn geproduceerd werden, gieterijen…).
La question du logement des ouvriers apparaît en même temps que ce développement industriel et s’inscrit dans les mouvements sociaux et hygiénistes du XIXe siècle. On voit apparaître les premières initiatives privées au sein des grands sites miniers, tels que le Grand Hornu ou le Bois-du-Luc. Le sujet intéresse cependant aussi les autorités publiques. En 1849, le ministre de l’Intérieur lance un appel à projets au niveau national pour édifier une cité ouvrière ; si ce concours n’aboutit pas, un projet retiendra toutefois l’attention des autorités publiques : le riche propriétaire ixellois Louis Gomand propose en effet de construire, sur son terrain du haut-Ixelles, une cinquantaine de logements pour la classe ouvrière. Son projet se démarque par son caractère réaliste et les garanties qui sont apportées par l’auteur. Une convention est dès lors passée entre Louis Gomand et le ministère de l’Intérieur : le promoteur peut compter sur un subside de 4000 francs pour construire le système d’égouttage, ainsi que sur un prêt de 20000 francs pour l’édification des maisons ouvrières.
Met de ontwikkeling van de industrie onstaat ook het vraagstuk van huisvesting voor de arbeiders, wat ook past binnen de maatschappelijke en hygiënische bewegingen van de 19de eeuw. De eerste initiatieven zijn privé en ontstaan op de grote mijnsites zoals Le Grand Hornu of Bois-du-Luc. Het onderwerp interesseert echter ook de overheden. In 1849 lanceert de minister van Binnenlandse Zaken een projectoproep op nationaal niveau voor de bouw van een arbeiderscité: de rijke Elsense eigenaar Louis Gomand stelt voor om op zijn grond in Hoog-Elsene een vijftigtal woningen te bouwen voor de arbeidersklasse. Zijn project valt op door het realistische karakter en de garanties die de auteur beidt. Vanaf dan hebben Louis Gomand en de minister een overeenkomst: de bouwpromotor kan rekenen op een subsidie van 4000 frank voor het aanleggen van de rioleringen en een lening van 20.000 frank voor de bouw van de arbeidershuizen.
La commune d’Ixelles ne voit cependant pas d’un bon œil ce projet. Même si elle reconnaît le but hautement moral de l’entreprise, elle anticipe également les problèmes que la « classe ouvrière » pourrait amener avec elle, notamment une augmentation considérable des charges de la commune et du bureau de bienfaisance. Elle donnera cependant son aval lors de la séance du Conseil communal du 2 septembre 1849, à la condition toutefois que le promoteur ne puisse louer ses logements qu’à des personnes dont la commune aura certifié la moralité. En contrepartie, elle s’engage à verser la somme de 200 francs chaque mois pour la location, au sein de la cité ouvrière, d’un logement d’instituteur, de locaux pour accueillir une école communale, ainsi que d’une bibliothèque.
De gemeente Elsene heeft echter geen goed oog op het project. Ook al erkent de gemeente de morele doelstelling van de onderneming, ze voorziet ook de problemen die de “arbeidersklasse” met zich mee zou kunnen brengen, namelijk een aanzienlijke verhoging van de lasten voor de gemeente en het welzijnsbureau. Toch geeft de gemeente haar goedkeuring tijdens de gemeenteraadszitting van 2 september 1849, op voorwaarde dat de bouwpromotor de woningen enkel verhuurt aan mensen van wie de gemeente kan verzekeren dat ze over goede zeden beschikken. In ruil zal de gemeente instaan voor het betalen van het maandelijkse huurgeld van 200 frank voor de huur van een onderwijzerswoning in de woonwijk, lokalen voor een gemeenteschool en voor een bibliotheek.
[Convention relative à l’édification d’une cité ouvrière par Louis Gomand, 1849, Fonds des archives des travaux publics (N 98.1), Archives de la commune d’Ixelles | Overeenkomst over het bouwen van een arbeiderscité door Louis Gomand, 1849, Archief van openbare werken (N. 98.1), Gemeentearchief van Elsene]
Toutes les parties s’étant accordées, la convention est signée le 13 septembre 1849, et fait l’objet d’un arrêté royal daté du 15 du même mois. La pose de la première pierre est l’occasion d’une véritable mise en scène, puisqu’elle a lieu dans le cadre des commémorations des journées de septembre de 1830, et qu’elle réunit entre autres le ministre de l’Intérieur (Charles Rogier), le ministre de la Justice (François de Haussy), le bourgmestre d’Ixelles (Charles Vandestraeten), le bourgmestre de Bruxelles (Charles de Brouckère) et le gouverneur de la province de Brabant (Charles Liedts). Deux stèles situées de part et d’autre de la porte cochère du bâtiment principal de la cité (rue du Viaduc 37-39) rappellent encore de nos jours cet évènement.
Alle partijen zitten op dezelfde lijn en op 13 september 1849 wordt de overeenkomst getekend, die onderwerp is van een koninklijk besluit op datum van 15 september. De eerstesteenlegging wordt een heuse gebeurtenis, omdat ze plaatsvindt in het kader van de herdenkingsplechtigheden van de dagen in september 1830 in aanwezigheid van onder meer de minister van Binnenlandse Zaken (Charles Rogier), de minister van Justitie (François de Haussy), de burgemeester van Elsene (Charles Vandestraeten), de burgemeester van Brussel (Charles de Brouckère) en de gouverneur van de provincie Brabant (Charles Liedts). Twee stenen aan weerszijden van de poort van het centrale gebouw van de woonwijk (Viaductstraat 37-39) herinneren vandaag de dag aan deze gebeurtenis.
[Entrée cochère du bâtiment central de la cité ouvrière donnant sur l’actuelle rue du Viaduc, clichés: H.B. | Deur van het centraal gebouw van de arbeiderscité op Viaductstraat, fotos: H.B.]
Dans le discours qu’il donnera le 23 septembre à cette occasion, le ministre Rogier précisera que ce projet n’est qu’un essai destiné, s’il est couronné de succès, à ouvrir la voie à des entreprises similaires plus ambitieuses.
In de toespraak die hij zal geven op 23 september, verduidelijkt minister Rogier dat het project slechts een proef is die, bij welslagen, de deur zal openen naar gelijkaardige ambitieuzere ondernemingen.
Messieurs, l’administration communale d’Ixelles attache avec raison une grande importance à ce que nous venons fonder dans son sein. Elle a parfaitement compris les vues du gouvernement, comme il s’était empressé de le seconder dans son concours moral. Messieurs, parmi les idées nouvelles qui surgissent, il en est que l’on doit combattre, mais il en est aussi que l’on doit adopter. Il faut mettre la même énergie à poursuivre les utopies dangereuses qu’à réaliser les innovations vraiment utiles.
Nous considérons comme une innovation sage, utile, la création de certains quartiers particulièrement affectés aux habitations des classes ouvrières. Nous croyons que l’architecture a dans ces constructions de belles perspectives offertes devant elles et une belle mission à remplir. Procurer à la classe qui travaille des habitations saines, commodes, bien aérées, et autant que possible à la portée de leur médiocre fortune ou plutôt de leur peu de ressources, c’est un beau rôle à poursuivre, et c’est aussi, je crois, une mission facile à accomplir.
Ainsi que l’a fait observer M. le Bourgmestre, la cité ouvrière que nous fondons ne doit pas être le privilège du désordre et de la paresse, les habitations qu’avec le concours du gouvernement et de la commune, le propriétaire mettra à disposition des classes ouvrières, seront en quelque sorte la récompense de leur bonne conduite.
Messieurs, ce n’est pas une grande entreprises que nous inaugurons en ce jour, c’est un essai, c’est le commencement d’une chose qui peut devenir grande avec le concours du gouvernement, de la commune, des bureaux de bienfaisance et du clergé dont nous voyons avec vive émotion la présence au milieu de nous. L’initiative des particuliers ne peut manquer d’atteindre de grands résultats, soit que la philanthropie les guide, soit qu’ils obéissent à des vues de spéculation. La liberté, les droits dont ils jouissent et que leur garantissent nos institutions, leur imposent des devoirs à remplir vis-à-vis de la société, et, Messieurs, nous sommes témoins qu’en Belgique les citoyens comprennent aussi leurs devoirs.
Chaque fois donc que nous verrons un particulier prendre l’initiative d’une amélioration morale ou matérielle, il sera assuré que le concours du gouvernement, de la commune, des bureaux de bienfaisance et du clergé ne leur fera pas défaut, et les secondera dans la réalisation de leurs projets philanthropiques.
Il sera glorieux pour la commune d’Ixelles d’avoir la première entre toutes les communes de la Belgique planté le jalon et donné le signal d’une heureuse amélioration. Honneur donc et remerciements à l’administration communale d’Ixelles ; remerciements sincères au clergé. »
(L’Indépendant, 23 septembre 1849)
Dès le mois d’octobre, la presse bruxelloise annonce que les travaux de la nouvelle cité sont menés tambour battant. En plus du soutien des autorités nationales, à commencer par celui du ministre Rogier, le projet peut également compter sur l’enthousiasme d’une partie de la population ixelloise. Un médecin nommé Redemans propose par exemple, dès le mois d’octobre, la constitution d’une caisse de prévoyance et de secours au sein même de la cité ; on ne sait cependant pas quelle suite a été réservée à cette demande.
Vanaf de maand oktober kondigt de Brusselse pers met slaande trom aan dat de werken van de nieuwe arbeiderswoonwijk van start zijn gegaan. Bovenop de steun van de nationale overheid, te beginnen met minister Rogier, kan het project ook rekenen op het enthousiasme van een deel van de Elsense bevolking. Een dokter genaamd Redemans bijvoorbeeld, stelt vanaf oktober de oprichting voor van een hulp- en voorzorgkas binnen de cité. Het is niet geweten welk gevolg aan dit voorstel werd gegeven.
C’est toutefois sans compter sur différents facteurs qui précipiteront, si pas le sort de la cité en elle même, celui de la convention de septembre 1849 et du partenariat public-privé. En effet, le 17 mars 1850, Louis Gomand adresse à la commune d’Ixelles une lettre dans laquelle il demande que ladite convention soit considérée comme non avenue, étant donné que les plans qu’il avait soumis pour y être annexés ne lui avaient pas été remis en temps et en lieu. Ces plans d’origine, signés par le célèbre architecte Wynand Janssens, demeurent d’ailleurs introuvables de nos jours. Dans le même courrier, le promoteur annonce également poursuivre son projet sans le concours des autorités, admettant toutefois que l’aspect des bâtisses s’écartera quelque peu des plans initiaux.
Er wordt echter geen rekening gehouden met verschillende factoren die, niet meteen het lot van de woonwijk zelf, maar wel dat van de overeenkomst van september 1849 en de publiek-private samenwerking op de helling zetten. Op 17 maart 1850 stuurt Louis Gomand een brief aan de gemeente Elsene waarin hij vraagt om de overeenkomst nietig te verklaren, aangezien de plannen die hij ingediend had als bijlage, hem niet tijdig werden terugbezorgd. Die oorspronkelijke plannen, ondertekend door de beroemde architect Wynand Janssens zijn tot op vandaag onvindbaar. In dezelfde brief kondigt de bouwpromotor ook aan zijn project te zullen verder zetten zonder de steun van de overheid, waarbij hij toegeeft dat het aspect van de huizen licht zal afwijken van de initiële plannen.
[Lettre de Louis Gomand au Collège d’Ixelles demandant que la convention de septembre 1849 soit considérée comme non avenue, 1850, Archives des travaux publics (N. 98.1), Archives de la commune d’Ixelles | Brief van Louis Gomand aan het College van Elsene betreffende de nietigverklaring van de overeenkomst van september 1849, 1850, Archief van openbare werken (N. 98.1), Gemeentearchief van Elsene]
Si les immeubles construits entre septembre 1849 et avril 1850, principalement sur la rue de la Croix (actuelle rue du Viaduc), n’ont pas nécessité de permis d’urbanisme, il en va autrement pour les immeubles construits par après. Le développement de la cité ouvrière comprise entre les rues de la Croix (actuelle rue du Viaduc), Gomand (actuelle rue Van Aa), de la Cité et des Pucelles (actuelle rue du Collège) prendra finalement plus de dix ans. Louis Gomand fera par ailleurs bâtir un ensemble similaire de bâtisses sur l’îlot voisin, en direction de la rue du Trône. Libéré de toute obligation vis-à-vis de la commune et de l’État, Gomand pourra définir lui-même les loyers de ses logements ; ils seront d’ailleurs trop élevés pour que des familles issues de la classe ouvrière la plus démunie puissent s’y installer. La Cité Gomand sera dès lors occupée par des artisans et des ouvriers plus aisés, logés toutefois dans des immeubles dont l’architecte communal signalera la mauvaise qualité structurelle en 1859.
Hoewel de woningen die tussen september 1849 en april 1850 gebouwd werden, hoofdzakelijk in de Kruisstraat (de huidige Viaductstraat) geen stedenbouwkundige vergunning vereisten, was dit wel het geval voor de huizen die later gebouwd werden. De bouw van de arbeiderscité tussen de Kruisstraaat (huidige Viaductstraat) en de Gomandstraat (huidige Van Aastraat), de Woonwijkstraat en de huidige Collegestraat zal uiteindelijk meer dan tien jaar in beslag nemen. Louis Gomand laat bovendien een gelijkaardig geheel van woningen bouwen op de aangrenzende grond in de richting van de Troonstraat. Bevrijd van enige verplichting tegenover de gemeente en de staat, kon Gomand zelf de huurprijzen van zijn woningen bepalen. Die zijn echter te hoog voor gezinnen uit de laagste arbeidersklasse om er te kunnen wonen. De Cité Gomand wordt vanaf dan betrokken door meer gegoede ambachtslieden en arbeiders die hun intrek nemen in gebouwen waarvan de gemeentelijke architect in 1859 de slechte structurele kwaliteit aankaart.
[Plan des façades de quatre maisons construites rue de la Cité par Louis Gomand, 1861, Fonds des archives des permis d’urbanisme, Archives de la commune d’Ixelles | Gevelplannen van vier huizen gebouwd op Woonwijkstraat door Louis Gomand, 1861, Archief van stedenbouwvergunningen, Gemeentearchief van Elsene]
[Rapport de l’architecte communal au Collège d’Ixelles au sujet de la construction d’une bâtisse rue de la Cité par Louis Gomand, 1859, Fonds des archives des permis d’urbanisme, Archives de la commune d’Ixelles | Verslag van de gemeentelijkee architekt voor het College van Elsene betreffende het bouwen van een gebouw op Woonwijkstraat door Louis Gomand, 1859, Archief van de stedenbouwvergunningen, Gemeentearchief van Elsene]
Si Ixelles ne peut finalement se targuer d’avoir accueilli en son sein la première cité ouvrière soutenue par les autorités publiques, l’entreprise de Louis Gomand sera toutefois reproduite, avec plus de succès cette fois, dans d’autres villes belges. Et la Cité Gomand, ainsi que l’îlot voisin, constituent toujours aujourd’hui un remarquable ensemble architectural néoclassique dont la sobriété tranche avec les grandes demeures bourgeoises des environs, même si la plupart des façades ont perdu la couleur claire – appelée « pierre de France » – qu’elles arboraient à l’origine.
Elsene kan zich uiteindelijk niet beroemen op de eerste arbeiderswoonwijk op haar grondgebied met steun van de overheid, maar de onderneming van Louis Gomand zal wel gereproduceerd worden, met meer succes in andere Belgische steden. De Cité Gomand en het aangrenzende huizenblok vormen vandaag de dag nog steeds een opmerkelijk neoklassiek architecturaal geheel waarvan de soberheid breekt met de grote burgerijwoningen in de omgeving, hoewel de meeste gevels hun heldere kleur – pierre de France genaamd – van weleer verloren hebben.
[Vue actuelle des façades de la cité ouvrière donnant sur la rue du Collège, cliché: H.B. | Actuele uitzicht van de gevelen van de arbeiderscité op Collegestraat, foto: H.B.]