Louis Morichar entame tout jeune sa carrière professionnelle avec ce qu’il faut pour réussir : l’enthousiasme juvénile, la foi démocratique et l’éloquence qui plaît aux foules. Le barreau et l’administration vont accaparer toute son activité.
Initialement détenteur d’un cabinet d’avocat administré par une équipe de commis et d’employés, il devient en 1886, à l’âge de 27 ans, le plus jeune conseiller communal.
Nommé échevin en 1893, il est chargé de la gestion des revenus de la Commune. C’est à cette occasion qu’il dépose le projet d’emprunt grâce auquel la transformation du quartier Sud de Saint-Gilles avec l’hôtel de ville en son centre devient possible.
[Portraits de Louis Morichar, s.d. Archives communales de Saint-Gilles, collection iconographique.]
Bien qu’il appartienne à la bourgeoisie, il est l’un des principaux artisans de l’élection du premier échevin socialiste de l’agglomération bruxelloise et lutte pour les droits politiques de la classe ouvrière et l’avènement de la démocratie. Dans la même année, il se voit confier l’échevinat de l’Instruction publique et des Beaux-Arts et inaugure ses fonctions par l’octroi d’un généreux barème de traitements aux instituteurs saint-gillois. L’œuvre qu’il va accomplir sera alors considérable. À son poste, il va se montrer à la fois ferme, juste et bon envers tous. Il s’occupe sans cesse du bien-être physique des élèves et demande au Conseil communal d’ériger des écoles spacieuses, lumineuses et aérées dans lesquelles il est agréable de s’instruire. Il instaure les premières distributions de vêtements et les cantines scolaires, rend obligatoires le cours de natation dans les classes supérieures des écoles primaires et le cours d’éducation corporelle et de gymnastique respiratoire. Par ailleurs, il met en place l’inspection sanitaire des écoles et des consultations pédotechniques destinées à prodiguer aux parents des conseils hygiéniques. Des cours pour adultes et des cours libres sont institués afin de permettre à tout un chacun de consolider et d’approfondir ses connaissances. En outre, il met sur pied des garderies d’enfants, des cours du soir, des cours de vacances, une école industrielle, une école de musique, un athénée, un lycée et une académie de dessin pour laquelle il regrette de ne pas s’être suffisamment investi. Parmi les innovations les plus marquantes, il faut mentionner l’institution du quatrième degré avec son complément indispensable, en l’occurrence un atelier d’apprentissage pour filles et pour garçons, et la constitution du « Fonds des mieux doués » repris par d’autres communes.
[Couverture de la revue Pourquoi Pas ? 15 juin 1911. Archives communales de Saint-Gilles, collection iconographique.]
Ce parcours brillant lui vaudra les honneurs des Saint-Gillois et des politiques qui organisent à plusieurs reprises des festivités jubilaires en son hommage. En 1911, un jubilé administratif en l’honneur du vint-cinquième anniversaire de ses fonctions communales lui est consacré en grande pompe. En 1920, à l’occasion de sa retraite, un vibrant hommage lui est à nouveau témoigné. Huit ans plus tard, la commémoration de la création d’un cours complémentaire dénommé « 4e degré » constitue le point d’orgue d’une succession de célébrations consacrées à un homme qui s’est toujours impliqué corps et âme dans ses projets.
[Jubilé administratif de Louis Morichar, 1911. Archives communales de Saint-Gilles, collection iconographique.]
Louis Morichar entre au panthéon communal. Son buste est placé au premier étage de l’hôtel de ville et l’ancienne place de Parme reprend son nom en référence aux vingt-cinq années de services rendus dans l’enseignement.
Louis Morichar prend des vacances bien méritées et cède sa place à Arthur Diderich. Il décède en 1939, un an après l’inauguration de l’école La Roseraie au cours de laquelle il fera un ultime discours.
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