L’histoire de l’église de la Sainte-Trinité à Saint-Gilles / Ixelles débute avec la destruction imminente, en 1892, du temple des Augustins au centre de Bruxelles pour faire place aux boulevards et la place de Brouckère. Conçu par l’architecte baroque Jacques Francart en 1620, l’édifice se voit affecter à divers usages avant sa fermeture au culte catholique en 1814. Il sert successivement de chapelle protestante, d’hôpital, de salle d’exposition et de spectacle ainsi que de bureau des Postes. C’est notamment à cet endroit que se produira la célèbre cantatrice Maria Malibran pour la dernière fois en Belgique, le 10 avril 1836.
[Détail d’une carte montrant le temple des augustins – la Senne, voutée dans les années 1860, est encore visible. « Bruxelles », Etablissement géographique de Bruxelles fondé par Ph. Van der Meulen, 1850. Source gallica.bnf.fr / BnF]
Suite à l’aménagement des grands boulevards du centre, l’Etat décide dans un premier temps de démolir le temple avant d’en céder finalement la façade en 1893 à la fabrique d’église de la Trinité. Il eût en effet été inconcevable de faire disparaître un bijou né de la synthèse entre la forme traditionnelle brabançonne et le baroque italien alors unique à Bruxelles. La façade de l’église est alors démontée pierre par pierre pour être transportée dans le nouveau quartier de Tenbosch où subsiste encore une chapelle provisoire construite sur un terrain offert par le banquier Georges Brugmann. Se pose entre-temps la question des frais liés à la démolition, le transfert des matériaux et la reconstruction de l’église paroissiale de la Trinité avec la façade du temple des Augustins. La fabrique adresse alors une demande de subsides à l’Etat, à la province et aux communes de la circonscription paroissiale. L’Etat estime que sa participation aux frais se limite à la cession gratuite de la façade de l’église des Augustins et la commune de Saint-Gilles considère que la paroisse de la Trinité n’a pas grande utilité pour elle en ce sens que cette église se situerait en grande partie sur le territoire de la commune d’Ixelles et qu’elle contribuerait essentiellement à la prospérité du quartier de Tenbosch. Par ailleurs, elle craint les éventuelles entraves au développement du quartier de Brugmann et l’impossibilité du prolongement de la rue Africaine depuis la rue Américaine jusqu’au croisement des rues du Bailli et de l’Amazone. Les conseils communaux d’Uccle et de Forest rejettent à leur tour la demande de subsides à l’issue des délibérations des 23 juillet et 8 août 1893. Seule la commune d’Ixelles, au départ réfractaire, semble vouloir répondre à la requête de la fabrique mais à la condition toutefois de répartir la somme demandée entre les quatre communes intéressées au prorata de la population paroissiale. Finalement subsidiée en deçà de ses attentes, la fabrique assume presque seule la charge de la construction de l’église sous forme d’emprunt.
[Plan de situation de l’église de la Sainte-Trinité, présenté par la Ligue des Intérêts du Quartier de Tenbosch. La ligne pointillée qui passe sur l’église représente la frontière entre le territoire d’Ixelles et de Saint-Gilles. Inventaire des archives du service des finances, série de la tutelle sur les cultes, commune de Saint-Gilles.]
La première phase de la construction de l’édifice démarre en 1894 sous la direction de l’architecte J. J. Van Ysendyck, élève d’Eugène Viollet-le-Duc, dans le respect des proportions et de la destination de l’édifice originel. Quoiqu’à moitié achevé en raison de problèmes divers et notamment pécuniaires, il est inauguré en avril 1895. La façade abrite alors un corps à trois nefs de quatre travées avec un chœur provisoire. La seconde phase se déroule entre 1907 et 1908 et c’est l’architecte Fernand Symons qui est chargé de l’achèvement de l’église et de l’adaptation des plans initiaux par l’ajout d’un transept.
[Projet d’agrandissement, église de la Sainte-Trinité, 1903. Inventaire des archives du service des finances, série de la tutelle sur les cultes, commune de Saint-Gilles.]
La commune de Saint-Gilles apporte alors son soutien financier à l’embellissement des abords de l’église en prolongeant la rue Africaine le long de l’édifice pour la faire déboucher sur un parvis revendiqué par la commune d’Ixelles. De commun accord avec cette dernière, elle crée encore un jardinet le long des façades latérales et postérieure de manière à adoucir l’aspect un peu austère de l’édifice.
En 1933, l’église de la Sainte-Trinité devient le sanctuaire de l’Ordre souverain de Malte. L’Ordre s’illustre notamment par le don de vitraux armoriés et la construction d’une annexe à hauteur du chœur comprenant une sacristie, un baptistère, une salle de catéchisme, une salle d’œuvre et une bibliothèque. Il intervient encore dans la réfection de la façade et dans le cadre de travaux intérieurs.
[Façade rue de l’Aqueduc. Dossier concernant la construction d’une annexe, 1932. Inventaire des archives du service des finances, série de la tutelle sur les cultes, commune de Saint-Gilles.]
[Façade rue Africaine. Dossier concernant la construction d’une annexe, 1932. Inventaire des archives du service des finances, série de la tutelle sur les cultes, commune de Saint-Gilles.]
[Etat projeté de l’annexe. Dossier concernant la construction d’une annexe, 1932. Inventaire des archives du service des finances, série de la tutelle sur les cultes, commune de Saint-Gilles.]
[Etat actuel, 1932. Dossier concernant la construction d’une annexe, 1932. Inventaire des archives du service des finances, série de la tutelle sur les cultes, commune de Saint-Gilles.]
[Plan approuvé par le Collège communal, 21 mars 1932. Dossier concernant la construction d’une annexe, 1932. Inventaire des archives du service des finances, série de la tutelle sur les cultes, commune de Saint-Gilles.]
Restaurée dans les années 1960, l’église est fermée au public en 1997 par la commune d’Ixelles suite à des problèmes présumés d’instabilité. Rouverte après 2005, on envisage en 2013 sa reconversion en lieu culturel tout en gardant la continuité de sa première affectation. Actuellement l’église est à nouveau fermée pour cause de travaux.
[Plan de façade pour travaux de restauration, 1962. Dossier concernant la construction d’une annexe, 1932. Inventaire des archives du service des finances, série de la tutelle sur les cultes, commune de Saint-Gilles.]
[L’église aujourd’hui.]
Références:
– Inventaire des archives de Saint-Gilles, série sur la tutelle sur les cultes n°1, dossiers 45 à 78.
– https://monument.heritage.brussels/fr/Ixelles/Parvis_de_la_Trinite/A001/16985
– http://www.orgues.irisnet.be/fr/Edifice/65/Eglise-de-la-Sainte-Trinite.rvb
© Administration communale de Saint-Gilles
Bonjour! Je me permets un petit rectificatif concernant votre illustration – gravure extraite de Sanderus – car il s’agit du couvent et collège des Jésuites qui était compris entre les rues d’Or, de Ruysbroeck et de la Paille. Les 2 églises, des Jésuites et des Augustins, ont eu le même architecte, Franquart et sont presque contemporaines. Dans le lien ci-dessous, on trouve une gravure (non signée) du couvent des Augustins et de la fameuse façade aujourd’hui à la Trinité!
Cordialement. Joseline Godart
https://monument.heritage.brussels/fr/Ixelles/Parvis_de_la_Trinite/A001/16985
Merci pour les précisions! A qui dois je contacter pour savoir l’état actuel de l’Eglise?